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Le dilemme de ceux qui créent une entreprise low-tech

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Longtemps sous-estimées, les technologies sobres (ou low-techs) font de plus en plus parler d’elles. 

Selon une étude prospective de l’ADEME intitulée « Transition(s) 2050 », le premier scénario, nommé « Génération frugale », repose sur une modification profonde des modes de vie et sur un appareil productif « en partie fondé sur les low-techs ».

Face à cet enthousiasme du public et des institutions pour les low-techs, je me demande : l’entrepreneuriat peut-il être le coup d’accélérateur qui généralisera l’utilisation des low-techs ? Ou risque-t-on simplement de trahir le mouvement low-tech en faisant de ce dernier un nouveau levier de croissance pour les entrepreneurs ?

Une chose est sûre : il n’y a pas de low-tech sans sobriété. Elles partagent un but commun, utiliser l’intelligence et la créativité pour rendre notre mode de vie compatible avec les limites physiques de notre planète.

En d’autres termes, face à l’inévitable épuisement des métaux et des énergies fossiles, les low-tech mettent l’ingéniosité humaine au service d’une idée simple : échanger un peu de confort technologique contre de la résilience face à l’urgence climatique. 

Par définition, l’entreprise low-tech et commercialisation semble trahir le mouvement. Cela soulève 3 questions : 

  • Peut-on promouvoir un modèle open source dans un contexte commercial ?
  • Est-il possible de produire du neuf tout en restant low-tech ?
  • Acheter au lieu de fabriquer : est-ce compatible avec le mouvement low-tech ?

Peut-on rester open source dans une logique commerciale ?

L’idéologie open source qui sous-tend les low-tech semble aller à l’encontre de la concurrence inhérente au système capitaliste, où chaque entreprise sauvegarde jalousement ses brevets. Il existe cependant des exceptions qui démontrent que l’open source et la commercialisation peuvent coexister harmonieusement.

C’est le cas par exemple du projet Precious Plastic. Ce dernier offre aux individus la possibilité de créer leur « mini-fabrique de recyclage » afin de transformer les déchets plastiques en petits objets utiles du quotidien.

Pour créer son usine miniature de recyclage, l’ensemble des informations nécessaires est accessible en open source. Cela inclut l’Académie, qui fournit des instructions détaillées sur la mise en place de son propre atelier, ainsi que les tutoriels créés par la communauté. Ces ressources permettent à chaque atelier de profiter de l’expérience collective et de continuer à se développer.

Peut-on rester low-tech en fabriquant du neuf ?

Par essence, la démarche low-tech utilise autant que possible des matériaux de récup. Or, commercialiser des objets dits low-tech semble incompatible avec une production à grande échelle.

Mais là encore, certaines entreprises peuvent nous offrir une preuve par exemple. L’entreprise Fairphone fabrique un smartphone que vous pouvez réparer facilement vous-même avec un tournevis ordinaire. 

Comme nous le rappelle l’ADEME “Le qualificatif de low-tech s’applique à une démarche et non pas à son résultat. Ainsi, un objet n’est pas low-tech dans l’absolu, il est plus (ou moins) low-tech qu’une solution alternative répondant au besoin initial.”

Ainsi, le Fairphone est un bon exemple d’un objet qui n’est pas low-tech en soi, mais qui est définitivement plus « low-tech » que la majorité des smartphones sur le marché.

Peut-on rester low-tech sans fabriquer soi-même ? 

L’approche low-tech encourage les individus à se réapproprier des savoir-faire et à participer activement à la création de solutions. L’idée d’acheter des produits fabriqués en usine pourrait, à première vue, sembler en contradiction avec cette philosophie.

Cependant, une entreprise low-tech peut adopter un modèle hybride. Prenons l’exemple de certaines entreprises qui fabriquent des tiny houses. Ces entreprises offrent une solution intermédiaire intéressante. Elles fournissent des kits de matériaux, mais aussi une formation pour apprendre à construire sa propre maison. En proposant à la fois des éléments préfabriqués et un accompagnement pédagogique, ces entreprises réussissent à combiner la commercialisation avec l’esprit d’autonomie et d’apprentissage que défend la philosophie low-tech.

Ce ne sont ici que quelques exemples d’entreprises low-tech. Si tu veux en découvrir d’autres, j’ai listé 32 idées d’entreprise low-tech dans le PDF que tu peux télécharger gratuitement ci-dessous. 

Face aux enjeux énergétiques et climatiques, les low-techs sont évidemment pleines d’espoir et de promesses mais encore marginales. Toute la difficulté du changement d’échelle est de savoir comment conserver cette bulle de radicalité que sont les low-techs au sein même de la sphère libérale. Autrement dit, comment pouvons-nous garantir que les low-techs conservent leur dimension politique ? Par « politique », j’entends ici le fait de réfléchir collectivement à ce que nous choisissons de produire et à la manière dont nous le faisons.

Si vous vous demandez comment concilier la démarche low-tech et l’entrepreneuriat, je vous invite à lire mon article qui interroge la définition de la réussite entrepreneuriale.


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2 commentaires sur “Le dilemme de ceux qui créent une entreprise low-tech”

  1. très intéressant comme reflexions ! En ce moment j’accompagne j’accompagne en incubation des personnes qui monte des projets autour du dev. durable et souvent je vois également poindre la question du fait qu’ils opposent argent et écologie … Je te le soumet !!!
    Très bon article !

    1. Merci pour ton commentaire ! En effet, je pense créer bientôt un article sur le fait qu’on oppose souvent « boulot bien payé » avec « boulot qui a du sens ».

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