Depuis les accords de Paris en 2015, le cap est officiellement donné. Si nous voulons rester sous les 1,5°C de réchauffement par rapport aux températures de l’ère préindustrielle, nous devons limiter notre budget carbone à 2 tonnes par an et par habitant.
Pourtant, en observant les chiffres en France, nous sommes à une moyenne de 10 tonnes par an et par habitant. C’est cinq fois l’objectif fixé.
Mais pourquoi est-il si crucial de rester en dessous de 1,5°C de réchauffement ? La réponse est simple, mais peu réjouissante.
En dépassant ce seuil, nous déclenchons une cascade d’effets domino comparables aux sept plaies d’Égypte : incendies ravageurs dévorants des forêts entières, sécheresses prolongées menaçant notre approvisionnement en eau et notre sécurité alimentaire, sans parler des guerres pour les ressources et des réfugiés climatiques cherchant asile loin de leurs terres devenues inhabitables…
Un certain Jancovici a dit : « accepter aujourd’hui de se restreindre sur l’avion pour préserver la paix demain ».
Et puisque « on n’améliore que ce qu’on mesure », la première étape pour espérer atteindre ces fameuses 2 tonnes de CO2/an/habitant est de connaître ce qui compose notre empreinte carbone.
En comprenant mieux d’où proviennent nos émissions, nous pouvons ensuite prendre des décisions éclairées sur la manière de les réduire, année après année.
Faire un test d’empreinte carbone, c’est objectiver les faits ! C’est la première étape pour savoir où concentrer nos efforts.
Pour moi et pour beaucoup de personnes, réaliser le calcul de son empreinte carbone avec l’ADEME a été le point de départ de notre transition écologique personnelle.
Cette transition n’est pas toujours plaisante ; elle est même souvent teintée de découragement et de culpabilité. Mais elle devient paisible et heureuse quand on se donne le temps de réinventer sa vie bas carbone et d’en faire un horizon radieux.
Ce que vous apprendrez dans cet article :
- Qu’est-ce qui compose l’empreinte carbone de la van-life ?
- Comment utiliser la matrice des impacts pour réduire votre empreinte carbone ?
- Ce que vous pouvez faire si votre test empreinte carbone est déjà (ou bientôt ?) inférieure à 4 tonnes.
Rien ne sert de vouloir passer sous les 2 tonnes en quelques semaines.
Une fois qu’on a fait son test d’empreinte carbone, le piège est de vouloir passer de 8 tonnes à 2 tonnes le plus rapidement possible.
Mais cela est trop douloureux et socialement excluant pour la plupart d’entre nous.
À l’inverse, on peut choisir une voie plus douce mais aussi plus pérenne. Il est plus judicieux de construire un mode de vie bas carbone pierre par pierre. Cela revient à adopter un rythme qui respecte notre besoin de trouver de nouveaux repères et de créer de nouvelles habitudes.
Ne nous mentons pas : une vie bas carbone, c’est une vie avec moins de machines. Ces mêmes machines qui font le travail à notre place (nous chauffent, nous déplacent, nous nourrissent, nous habillent… sans que nous ayons besoin de lever le petit doigt). Réduire son empreinte carbone, cela nous demande naturellement de faire plus d’efforts.
Alors, si vous aussi vous vous demandez “comment être heureux dans un monde bas carbone ?”, voici le résultat de mes premières années de transition écologique personnelle.
Le point de départ : que donne mon premier test empreinte carbone ?
9 tonnes.
Aïe.
Pourtant, je n’avais pas l’impression de faire partie “de la moyenne”.
J’avais l’impression de consommer peu et je ne prenais déjà plus l’avion. Alors, qu’est-ce qui compose l’empreinte carbone de quelqu’un qui vit à l’année dans un van ?
2022 : l’empreinte carbone de la vie en van
Le problème n’est pas tant l’aspect chauffage, électricité, eau… Car nous consommons beaucoup moins qu’un appartement ou une petite maison.
De plus, dans un véhicule aménagé, notre mode de vie est naturellement minimaliste. Nous avons peu de place, donc nos achats sont rares et quasi exclusivement de seconde main.
Notre alimentation est flexitarienne (nous mangeons de la viande au maximum 1 fois par semaine, le plus souvent lorsque nous sommes invités ou lorsque nous mangeons au restaurant).
Nous travaillons à distance, ce qui nous permet d’économiser des centaines de trajets quotidiens.
Mais alors, comment expliquer que notre empreinte carbone soit si élevée ?
Notre problème réside dans le nombre de kilomètres parcourus lors de nos voyages en van et de notre mode de vie nomade. C’est un coefficient multiplicateur : plus on roule, plus on émet de CO2.
Nous avons roulé 40 000 km l’année où nous avons calculé notre empreinte carbone. Cela représente donc 4 tonnes chacun dans notre bilan carbone sur l’ADEME. 4 tonnes pour Guillaume et 4 tonnes pour moi.
La matrice des impacts pour choisir ses combats
Pour réduire de manière significative notre empreinte carbone et en même temps réussir à tenir dans la durée, nous avons utilisé la fameuse Matrice des Impacts que j’ai découverte dans le livre L’âge des Low-techs de Philippe Bihouix.
Il est bon de rappeler que ce qui est difficile pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre. Une matrice des impacts est avant tout personnelle ! Votre situation professionnelle, familiale, personnelle… va forcément influencer ce que vous considérez comme facile ou difficile.
En revanche, ce qui est plus ou moins utile ne change pas.
Voici pour moi les principales actions que j’ai placées dans ma matrice des impacts.
Très utile et facile : je fonce
- Mettre son épargne dans une banque éthique.
- Ne pas prendre l’avion.
- Manger moins de viande.
Moins utile mais facile : c’est parti !
- Prendre des douches courtes (et légèrement moins brûlantes).
- Acheter d’occasion.
- Utiliser des toilettes sèches (quand on habite à la campagne).
Très utile et difficile : je fais une politique des petits pas
- Réduire ma consommation de streaming (YouTube, Netflix, Spotify…).
- Vivre sans voiture.
- Rénover / Déménager / Chauffer son logement à moins de 18°C.
Peu utile et difficile : je le fais, mais sans pression ou sans culpabiliser quand je n’y arrive pas
- Adopter un mode de vie zéro déchet.
- Supprimer les cosmétiques.
- Boycotter la grande distribution.
À quoi devrait ressembler mon test d’empreinte carbone l’année prochaine ?
L’objectif que je me suis fixé pour l’année prochaine est d’atteindre les 4 tonnes de CO2/an.
Sur ces 4 tonnes, un peu moins de 2 tonnes correspondent aux infrastructures collectives. J’ai donc moins de pouvoir pour influencer sur 50% de cette empreinte carbone.
Objectif : 4 tonnes
Pour atteindre cet objectif de 4 tonnes par rapport à mon mode de vie actuel, j’ai décidé de me concentrer sur 3 actions :
- Construire une tiny house pour avoir un habitat qui émet peu et troquer les voyages en van contre des voyages en train/vélo.
- Réduire à 10 000 km mon budget kilométrique en van la première année, puis à 5 000 km d’ici 1 an et 0 d’ici 2 ans.
- Passer de flexitarien à végétarien.
Moins de 4 tonnes, est-ce trop compliqué ?
Nous arrivons là sur un avis très personnel qui s’éloigne certainement de certains points de vue plus sourcés et scientifiques. J’ai l’impression que passer sous la barre des 4 tonnes de CO2/an me demanderait des changements trop douloureux dans ma vie.
C’est pourquoi j’ai plutôt opté pour cette stratégie : une fois que mon bilan carbone sera sous les 4 tonnes, c’est en aidant ceux qui sont encore à 10 tonnes à décroître que j’aurai le plus d’impact.
Ma manière de le faire, c’est en créant une nouvelle norme sociale dans laquelle les pratiques écocidaires (avion, viande, voiture) deviennent obsolètes.
Cela se joue à deux échelles :
- Au niveau de mes proches, en contribuant à faire évoluer la « norme sociale ». C’est le cas d’une famille de 6 où le premier qui devient végétarien est la cible de moqueries. Le deuxième qui devient végétarien est un peu moins moqué et on commence à faire des plats adaptés. Et quand le troisième membre de la famille devient végétarien, il semble normal de faire des repas sans viande. C’est ainsi qu’on sème une petite graine autour de soi : « on peut être un végétarien heureux. » (même si les habitudes alimentaires ont la vie dure).
- Au niveau du contenu que je crée sur ce blog ou ma chaîne YouTube. À travers mes expérimentations sur le mode de vie low-tech, je souhaite rendre désirable et simple l’accès à ces savoir-faire et techniques bas carbone.